On connaît tous l’importance de la sangle abdominale dans la stabilisation du bassin et du dos. On sait bien que les muscles abdominaux profonds ont un rôle de protection et de prévention des douleurs de dos.

En revanche, on connaît moins le rôle du ventre, et de ce qui se passe à l’intérieur de l’abdomen, vis à vis de la colonne vertébrale. Vous avez des problèmes intestinaux ? Le ventre gonflé et douloureux ? Les douleurs articulaires font parti de votre quotidien ? Figurez-vous qu’il peut y avoir un lien entre tout cela.

Dans cet article, nous allons voir en quoi la santé de votre système digestif est d’une importance capitale pour votre organisme tout entier. Et nous verrons comment il peut impacter directement ce qui se passe dans votre bas du dos.

Mal de dos et ventre : une histoire de nerfs

douleur bas du dos et ventre schéma

Pour bien comprendre le lien entre mal de dos et ventre, il faut déjà comprendre le mode de fonctionnement de l’intestin, cet organe fascinant considéré comme deuxième cerveau pour beaucoup. 

Tout d’abord, il faut savoir que les nerfs qui innervent les intestins empruntent les mêmes chemins que ceux qui innervent les muscles abdominaux. 

En effet, ces derniers reçoivent et renvoient leurs informations via des nerfs situés entre la 5e vertèbre dorsale et la première vertèbre lombaire.

Ce qui veut dire que quand l’intestin se met à souffrir ou à s’enflammer (comme lors d’une colite par exemple), le cerveau aura du mal à faire la dissocier si cela provient d’un muscle ou d’un organe de cette région.

C’est ici que votre cerveau rentre en scène.

À votre avis que va t-il faire pour réagir à ce problème ?

Il va dans un premier temps déterminer quel est le segment de la colonne d’où provient le signal douloureux. Puis il va renvoyer en retour l’ordre d’agir pour calmer l’inflammation dans cette zone.

D’un point de vue musculaire, cela va tout simplement se traduire par une inhibition des muscles de la zone abdominale. C’est à dire le psoas, le transverse de l’abdomen, les obliques et le carré des lombes.

Tous ces muscles se retrouvent inhibés et perdent leur tonus. Le terme inhibition veut tout simplement dire que ces muscles ne vont plus se contracter correctement au bon moment ou dans le bon ordre.

En conséquence, la colonne est moins bien stabilisée à ce niveau là. Mais si vous devez vous baisser pour ramasser un objet au sol par exemple vous voulez que vos muscles se contractent avec la bonne séquence pour remplir leur fonction. Or ce phénomène d’inhibition force votre corps à compenser et vous commencez à développer des déséquilibres musculaires. 

Douleur bas du dos et ventre : quel est le problème ?

On a tendance à penser que ce qui se passe au niveau des lombaires est exclusivement influencé par des éléments extérieurs. 

Comme on vient de le voir, ce qui se passe dans votre abdomen est aussi d’une grande importance. Certains de vos organes abdominaux s’attachent indirectement sur vos lombaires. 

On comprend alors facilement que des tensions dans le ventre dues à des problèmes de digestion ou des ballonnements puissent influencer ce qui se passe dans votre bas du dos.

Maintenant on peut alors se demander qu’est ce qui peut causer une telle situation ?

Facile. 

Tout ce qui peut générer de l’inflammation dans le système digestif. Cet élément est d’une importance capitale, mais bien trop souvent sous-estimé. 

Bon nombre de personnes ont malheureusement des troubles intestinaux qui les rendent vraiment vulnérables. En cause généralement une alimentation déséquilibrée (souvent trop riche en glucides), une déshydratation, un manque de repos digestif… 

Tout un tas d’éléments favorisant la perméabilité de l’intestin. Ce dernier devient poreux, ce qui donne lieu à un état inflammatoire au niveau digestif (ventre gonflé, flatulences, diarrhée…), mais aussi au niveau de tout l’organisme.

Inflammation chronique et intolérances alimentaires

Le point sur les intolérances

Les intolérances alimentaires sont un type d’allergie particulière. Elles ont pour origine une perméabilité trop grande de la paroi intestinale. 

À la différence d’une allergie immédiate, les symptômes de l’intolérance se déclarent longtemps après l’ingestion de l’aliment allergène.

La plus connue est l’intolérance au gluten (aussi appelée maladie coeliaque). Cette protéine de blé que l’on retrouve dans le pain, les pâtes, et autres céréales, entraîne des perturbations au niveau de la barrière de l’intestin : on parle d’hyperperméabilité. 

perméabilité intestinale schéma

Des fragments de protéine franchissent cette barrière intestinale pour se retrouver dans le sang. En plus d’une réponse immunitaire, ces fragments peuvent provoquer à terme un état inflammatoire chronique. 

Les symptômes sont souvent d’ordre digestif, mais ils peuvent également se manifester de manière indirecte sous forme de carence en micronutriments (notamment le fer). Ou encore sous forme de douleurs articulaires et musculaires. 

Ce que vous devez retenir

Il est difficile d’expliquer précisément le processus d’apparition de ces intolérances alimentaires. Mais on constate deux choses récurrentes depuis plusieurs décennies :

  • Les personnes dont la paroi intestinale est fragilisée sont susceptibles de devenir allergique à un aliment à force de le consommer trop régulièrement.
  • Certains aliments comme le blé ou les laitages, consommés de manière excessive ont un rôle à jouer dans l’apparition de ces intolérances. 

Si vous souhaitez aller plus loin, Il existe aujourd’hui des tests, relativement cher (environ 300 euros) permettant de déterminer avec plus ou moins de précision les aliments auxquels vous pourriez être intolérant. 

Dans tous les cas, pour avoir une action positive à la fois sur votre ventre et sur votre dos, vous allez devoir faire attention à ce que vous mettez dans votre assiette. 

Un des moyens les plus simple de prévenir ces intolérances restent encore de soigner son alimentation. Je vous suggère de choisir des aliments bruts, de qualité, que vous tolérez bien, et de les consommer de manière cyclique.

En adoptant ce type de régime par rotation, vous limitez l’exposition du système immunitaire à certaines molécules auxquelles vous pourriez devenir intolérant.

7 règles pour une alimentation équilibrée

Voici donc quelques grands principes d’une nutrition saine, indispensable pour un dos sans douleur : 

1- Faire la part belle aux végétaux

Pour faire simple, la moitié de votre assiette doit être composée de légumes. C’est la base pour conserver une bonne masse musculaire et des os solides.

En effet, notre alimentation moderne, trop salée et trop riche en éléments acidifiants (céréales et viande) nuit inévitablement à la densité osseuse et musculaire.

À l’inverse, les végétaux ont un pouvoir alcalinisant permettant de lutter contre l’acidité dans l’organisme.

2- Équilibrer ses apports en graisses

Les lipides sont des nutriments essentiels au bon fonctionnement de l’organisme. Ces graisses jouent un rôle dans la circulation sanguine, le contrôle de l’inflammation et de l’immunité.

Problème : l’alimentation des pays industrialisés fournit généralement trop d’acide gras oméga 6, favorisant l’inflammation, et pas assez d’oméga 3 anti-inflammatoires.

L’important, ce n »est donc pas de réduire sa consommation de graisses. Mais plutôt de savoir mieux les sélectionner.

Pour atteindre un ratio oméga 3 / oméga 6 plus équilibré il faut donc :

  • limiter sa consommation de graisses trans (présents essentiellement dans les produits industriels et transformés)
  • manger des oléagineux (type noix, amandes, noix du brésil, noix de macadamia) et des petits poissons gras riches en oméga 3
  • éviter l’huile de tournesol, de maïs et les margarines trop riches en oméga 6
  • compléter ces bases par des gélules d’oméga 3 proposant une concentration élevée en DHA et EPA.

Vous pouvez lire également cet article sur le sujet : Comment soulager le mal de dos par l’alimentation

3- Consommer les bons glucides

Les aliments glucidiques n’ont pas tous le même impact su le taux de sucre sanguin, et par conséquent sur la libération d’insuline. Certains comme le pain blanc, le riz blanc, les pâtes blanches, les produits raffinés ou les pommes de terre augmentent fortement la glycémie, ce qui favorise la prise de gras.

À l’opposé, des aliments comme les lentilles, les haricots, les pois chiches, le riz complet ou la patate douce augmentent que faiblement la glycémie et la libération d’insuline. Mieux vaut donc les consommer en priorité et limiter les aliments avec un index glycémique élevé.

4- Choisir de bonnes sources de protéines

Les protéines sont essentielles pour la reconstruction musculaire, la réparation et la croissance de nos cellules. On en retrouve dans la viande, le poisson, les oeufs mais également dans d’autres sources d’origine végétale comme le chanvre, les graines de courge ou les noix.

De manière générale, privilégiez des viandes blanches de qualité, si possible labellisées bleu blanc coeur ou bio. Et évitez les viandes rouges low cost dans les supermarchés, trop riches en mauvaises graisses.

5- S’hydrater suffisamment

Environ 70% de notre corps est composé d’eau. Pour cette raison, il est fondamental d’avoir une hydratation suffisante. Et c’est encore plus vrai lorsque vous pratiquez une activité physique. Pour faire simple, mieux l’organisme est hydraté et mieux il fonctionne.

6- Laisser reposer le système digestif

Manger trop souvent ou en trop grande quantité peut épuiser et perturber le fonctionnement normal du système digestif. Ce dernier peut s’encrasser avec le temps et accumuler un grand nombre de toxines.

Mettre son système digestif au repos durant quelques heures en faisant par exemple un jeun intermittent peut être une option intéressante à tester. En effet, lorsque vous jeûnez votre corps passe systématiquement en mode nettoyage.

7- Prendre le temps de mastiquer

On a tendance à l’oublier mais une bonne digestion commence avant tout par une bonne mastication. Cette étape de pré-digestion est cruciale pour éviter les troubles digestifs.

Le fait de mâcher longtemps et d’imbiber suffisamment de salive chaque aliment va faciliter le travail de l’estomac. 

Si vous ne faites qu’avaler sans mastiquer, vous sabotez en quelque sorte toutes les étapes suivantes du parcours de digestion, même si vous avez choisi les meilleurs aliments du monde.

L’équilibre de votre flore intestinale est précieux et conditionne énormément de choses dans le reste de votre corps. 

C’est pour cela qu’avant même de se concentrer sur des problématiques mécaniques et de vouloir pratiquer des exercices, vous devez absolument garder un oeil sur ce qui se passe dans votre ventre.  

Encore une fois, pour éliminer durablement les douleurs chroniques, vous devez limiter en priorité l’ingestion d’aliments qui génère de l’inflammation au niveau digestif.

N’oublions pas que notre corps est notre premier lieu de vie. Voyez donc chaque repas comme une occasion unique pour optimiser ce lieu. Cela vous permettra par la suite d’être plus performant dans votre vie.

Bien entendu, ces règles ne sont pas des vérités absolues que vous ne devez jamais transgresser. Faites de votre mieux mais agissez. Et même si tout ne vous semble pas optimal, vous verrez que le changement arrive petit à petit avec le temps.

Le fait est mieux que le parfait, puisque le parfait n’arrivera jamais.

Références :

Bansai T, et al. “The bacterial signal indole increases epithelial-cell tight-junction resistance and attenuates indicators of inflammation.” Proc Natl Acad Sci U S A. 2010 Jan 5;107(1):228-33. doi: 10.1073/pnas.0906112107. Epub 2009 Dec 4.

Canani RB, et al. “Potential beneficial effects of butyrate in intestinal and extra intestinal diseases.” World J Gastroenterol. 2011 Mar 28; 17(12): 1519–1528.

Mercado J, et al. “Enhancement of tight junctional barrier function by micronutrients: compound-specific effects on permeability and claudin composition.” PLoS One. 2013 Nov 13;8(11):e78775. doi: 10.1371/journal.pone.0078775. eCollection 2013.

https://academic.oup.com/ajcn/article/99/4/813/4637862

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28114909/