Mal de dos, sciatique, fourmillements dans la jambe… Vous souffrez depuis un moment et vous vous demandez s’il ne serait pas temps de passer une IRM lombaire ? Peut-être que votre médecin vous l’a proposée, ou peut-être que vous vous posez vous-même la question, histoire de « voir ce qu’il se passe là-dedans ».

C’est une réaction bien compréhensible : quand on a mal, on veut des réponses. Et aujourd’hui, l’IRM est souvent perçue comme l’examen ultime pour comprendre enfin l’origine des douleurs. Mais est-ce toujours le bon réflexe ? À quel moment faut-il vraiment la faire ? Et que peut-on espérer y voir ?

Dans cet article, on va faire le point, sans jargon médical :

  • Pourquoi passer une IRM lombaire (et dans quels cas ce n’est pas forcément utile)
  • Quand cet examen est recommandé
  • Comment se déroule une IRM du dos
  • Et enfin, ce que montre concrètement une IRM lombaire, pour que vous sachiez à quoi vous attendre.

Prenez le temps de bien comprendre à quoi sert l’IRM lombaire, et dans quels cas elle est vraiment utile. Vous y verrez plus clair pour la suite.

IRM lombaire : à quoi ça sert ?

L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) est une technique d’imagerie médicale très précise, qui permet de visualiser les structures internes de votre bas du dos, comme :

  • Les disques intervertébraux
  • Les nerfs
  • La moelle épinière
  • Les vertèbres

Contrairement à la radiographie ou au scanner, elle n’utilise pas de rayons X. Elle est donc non irradiant, et c’est un vrai plus quand on multiplie les examens.

Que voit-on sur une IRM lombaire ?

C’est une question fréquente – et légitime – quand on s’apprête à passer l’examen : est-ce que l’IRM va « voir » quelque chose ? Et si oui, quoi exactement ?

💡 Pour faire simple, une IRM lombaire donne une vue très fine et très complète de tout ce qui se passe dans la partie basse de votre dos : les os, mais aussi – et surtout – les tissus mous, comme les nerfs ou les disques intervertébraux.

Voici les principaux éléments analysés par le radiologue :

Les disques intervertébraux

Ce sont les petits coussins entre chaque vertèbre. L’IRM peut montrer :

  • Une hernie discale, quand un disque sort de sa position normale et appuie sur un nerf.
  • Une dégénérescence discale (usure prématurée liée à l’âge ou à des contraintes mécaniques).
  • Un disque pincé, déshydraté ou fissuré.

Les nerfs et les racines nerveuses

L’IRM est capable de détecter :

  • Une compression nerveuse, souvent responsable d’une sciatique ou de douleurs irradiant dans la jambe.
  • Des signes d’inflammation, parfois liés à une infection ou à une pathologie auto-immune.
  • Une atteinte des racines nerveuses, comme dans le syndrome de la queue de cheval (urgence médicale).

Les vertèbres lombaires

L’examen permet d’observer :

  • Des fractures (suite à un choc ou à une fragilité osseuse comme l’ostéoporose).
  • Des tumeurs (bénignes ou malignes), même de petite taille.
  • Des signes d’arthrose, avec des ostéophytes (petites excroissances osseuses).
  • Des malformations vertébrales, parfois congénitales ou acquises.

Le canal rachidien

C’est le tunnel par lequel passent les nerfs et la moelle épinière. L’IRM peut révéler :

  • Une sténose du canal lombaire (rétrécissement), qui peut provoquer des douleurs à la marche, une fatigue dans les jambes, ou des fourmillements.
  • Un kyste synovial ou un autre type de masse qui obstrue partiellement le canal.

Les tissus mous autour de la colonne

Même les ligaments, les muscles ou les petites articulations (appelées facettes articulaires) sont visibles. Cela peut aider à :

  • Comprendre une douleur d’origine musculaire ou ligamentaire.
  • Détecter une inflammation locale, un abcès ou un épanchement.

Maintenant soyons clair sur une chose : l’IRM est extrêmement précise… mais ce n’est pas parce qu’elle « voit quelque chose » que c’est forcément la cause de vos douleurs. Par exemple, une hernie discale est visible chez de nombreuses personnes qui n’ont aucun symptôme.

C’est pour ça qu’il est crucial de croiser ce que dit l’imagerie avec votre histoire clinique et votre examen médical. L’IRM ne remplace pas le diagnostic médical, elle vient le compléter.

Pourquoi passer une IRM lombaire ?

Elle est souvent envisagée en cas de douleurs dorsales, de sciatique ou de suspicion de pathologie grave.

Cependant, selon les recommandations des sociétés scientifiques internationales, l’IRM ne doit pas être prescrite systématiquement en cas de lombalgie.

En fait, elle est justifiée uniquement dans les situations suivantes :

  • Déficits neurologiques sévères ou évolutifs (perte de force ou de sensibilité)
  • Suspicion de pathologie grave : tumeur, infection, fracture, syndrome de la queue de cheval
  • Douleurs persistantes ne régressant pas après 6 à 8 semaines de traitement conservateur

À l’inverse, une IRM mal indiquée peut avoir des effets négatifs : elle peut détecter des soi-disant « anomalies » (hernie, arthrose, dégénérescence) présentes chez des personnes sans douleur, et renforcer l’anxiété inutilement.

L’IRM lombaire : quand un excès de précision peut semer la confusion

Nos appareils d’imagerie – IRM en tête – sont devenus si performants qu’ils détectent des détails incroyablement fins… parfois trop fins pour être utiles. Résultat : ils révèlent des « anomalies » chez une immense majorité de personnes… y compris chez celles qui ne souffrent d’aucune douleur.

Prenons un exemple frappant : si vous passez une IRM à 50 ans sans avoir mal au dos, il y a de fortes chances qu’on y voie quelque chose. Des études sérieuses montrent que :

  • 80 % des personnes asymptomatiques présentent une dégénérescence discale,
  • 60 % ont une hernie discale visible à l’imagerie,
  • et environ 30 % montrent des signes d’arthrose lombaire.

Et pourtant… ces gens vont parfaitement bien.

Cela montre bien que ces « anomalies » ne sont pas forcément pathologiques. Ce sont, pour la plupart, des marques naturelles du vieillissement ou de l’usure quotidienne, un peu comme les cheveux gris ou les rides.

Le vrai risque, c’est que ces images soient mal interprétées, ou sortent de leur contexte.
Un compte-rendu alarmiste peut faire naître une inquiétude inutile, renforcer la peur de bouger, ou vous pousser à éviter certaines activités… alors même qu’elles sont bénéfiques pour votre dos.

En neuro-sciences, on parle de signal de danger : quand on vous dit que votre dos est « abîmé », même si c’est bénin, votre cerveau perçoit une menace… ce qui peut amplifier, voire entretenir la douleur.

J’explique tout cela en détail dans une vidéo dédiée : Le problème avec l’IRM

Et ce n’est pas juste une intuition : des recherches ont montré qu’une IRM faite trop tôt, sans indication claire, peut en réalité ralentir la guérison. En clair : plus on fait d’imagerie à tort, plus on risque d’ancrer le problème… au lieu de le résoudre.

Maintenant, si vous devez en passer une, autant savoir à quoi vous attendre concrètement.

Foire aux questions (FAQ)

Comment se déroule une IRM lombaire ?

Si vous devez passer une IRM lombaire, pas de panique, c’est un examen simple et indolore :

  1. Vous êtes allongé(e) sur le dos dans une machine en forme de tunnel.
  2. L’examen dure entre 20 et 30 minutes (parfois un peu plus avec produit de contraste).
  3. Il ne faut surtout pas bouger, sinon les images seront floues.
  4. On vous fournit des bouchons d’oreilles ou un casque pour atténuer le bruit.

Faut-il se préparer à l’IRM lombaire ?

Pas vraiment ! C’est un examen simple à préparer. Vous pouvez manger, boire, prendre vos médicaments comme d’habitude.

En revanche, pensez à prévenir l’équipe médicale si :

  • Vous avez un pacemaker ou un implant métallique (prothèse, stent…).
  • Vous êtes enceinte ou pensez l’être.
  • Vous êtes claustrophobe (on en reparle juste après).

On vous demandera aussi d’enlever tout ce qui est métallique : bijoux, ceinture, vêtements avec fermeture éclair…

Et si vous avez un implant ?

Très bonne question. Certains implants sont compatibles IRM, d’autres non. Il est donc essentiel de le signaler au moment de la prise de rendez-vous.

L’équipe vérifiera si l’examen peut être réalisé en toute sécurité.

Faut-il être à jeun pour une IRM lombaire ?

Non, sauf si un produit de contraste est prévu.

Est-ce que ça fait mal ?

Non, pas du tout. L’IRM lombaire est un examen 100 % indolore. Le seul petit souci, c’est l’immobilité, surtout si vous avez mal ou que vous êtes anxieux(se).

Si vous êtes claustrophobe, pas de panique :

  • Certaines structures proposent des IRM ouvertes.
  • On peut aussi vous proposer un calmant léger, ou de la musique pour vous détendre.

N’hésitez pas à en parler avant, c’est important pour que ça se passe bien.

Quand aurez-vous les résultats ?

En général, comptez 2 à 5 jours pour recevoir le compte-rendu complet. En cas d’urgence, le radiologue peut vous donner un premier avis dès la fin de l’examen.

Est-ce que l’IRM permet toujours de trouver la cause de la douleur ?

Non, dans la grande majorité des cas, elle ne détecte pas l’origine de la douleur.

Selon les recommandations médicales les plus sérieuses, l’IRM lombaire est utile dans les cas suivants :

  • Douleurs avec déficits neurologiques sévères (perte de force, perte de sensations…)
  • Suspicion de pathologie grave : tumeur, infection, syndrome de la queue de cheval
  • Aucun mieux après 6 à 8 semaines de traitement classique
  • Après un traumatisme sérieux

Votre médecin évalue cela lors de l’examen clinique et de l’anamnèse. Il ne s’agit pas d’un refus de vous croire si on vous dit que ce n’est pas nécessaire. Au contraire, c’est souvent pour vous protéger d’un examen inutile voire contre-productif.

En résumé : l’IRM lombaire, un outil puissant… mais pas toujours indispensable

Passer une IRM lombaire peut sembler être une étape logique quand on a mal au dos depuis un moment. Et dans certains cas, c’est effectivement un examen très utile, voire essentiel, pour orienter le diagnostic et le traitement. Mais ce n’est pas un réflexe automatique à avoir dès les premières douleurs.

Il faut aussi savoir que l’IRM peut montrer des « anomalies » qui sont en réalité normales avec l’âge, et souvent sans lien avec la douleur. Mal interprétées, ces images peuvent créer de l’inquiétude… et envoyer au cerveau un signal de danger inutile, ce qui peut parfois entretenir les douleurs au lieu d’aider à les apaiser.

Bref, l’IRM est un outil précieux, à condition de l’utiliser au bon moment, et de toujours la remettre en contexte avec l’avis d’un professionnel de santé.

Pour aller plus loin :

Pourquoi l’IRM peut vous induire en erreur

Comment dormir avec une hernie discale L5-S1

Douleur Bas du Dos et Ventre : Quel rapport existe-t-il ?

Ressources scientifiques :

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26359154/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2312537

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8208267