Vous souffrez de douleurs au dos, localisées dans le bas du dos ou au niveau de la nuque ? Il se pourrait que vos articulations facettaires soient en cause. Le syndrome facettaire est en effet une cause fréquente de douleurs vertébrales, souvent méconnue.

Dans cet article, je vous propose de mieux comprendre ce qu’est ce syndrome, comment il se manifeste, pourquoi il apparaît, et surtout, quelles sont les solutions pour le soulager efficacement.

Qu’est-ce qu’une articulation facettaire ?

Commençons par la base. Les articulations facettaires (aussi appelées zygapophysaires) sont de petites articulations situées à l’arrière de chaque vertèbre. Chaque vertèbre en possède quatre : deux en haut et deux en bas, qui s’emboîtent avec les vertèbres voisines. Cela forme une sorte de système de charnières tout au long de votre colonne vertébrale.

Ces articulations ont un rôle essentiel : elles permettent à votre dos de bouger dans tous les sens — se pencher, se redresser, tourner — tout en assurant sa stabilité. Un peu comme les charnières d’une porte : elles guident le mouvement, mais empêchent qu’il parte dans tous les sens.

Elles sont recouvertes de cartilage, entourées d’une capsule articulaire et contiennent du liquide synovial. Et surtout, elles sont riches en récepteurs de la douleur. Autrement dit, quand elles s’enflamment, s’usent ou se bloquent, vous le sentez passer.

Quels sont les symptômes du syndrome facettaire ?

Selon la zone touchée, vous pouvez ressentir :

Une douleur dans le bas du dos (lombaire)

C’est la localisation la plus fréquente. La douleur est souvent sourde, profonde, et peut irradier vers les fesses ou l’arrière des cuisses. Mais elle ne descend jamais jusqu’aux pieds, ce qui permet de la distinguer d’une sciatique.

Une douleur dans la nuque (cervicale)

Vous pouvez également ressentir une gêne au niveau des cervicales, parfois accompagnée de raideur ou de maux de tête.

D’autres signes évocateurs :

  • Une gêne qui augmente quand vous vous redressez ou que vous restez debout longtemps
  • Un soulagement en position assise ou penchée en avant
  • Une raideur matinale ou après un temps d’inactivité
  • Parfois, une sensation de blocage ou des petits craquements articulaires

Bonne nouvelle : le syndrome facettaire ne provoque généralement pas de symptômes neurologiques. Pas de fourmillements ni de perte de force, car les nerfs ne sont pas directement touchés.

Quelles sont les causes possibles ?

Les origines du syndrome facettaire sont souvent mécaniques ou dégénératives. Voici les plus fréquentes :

L’usure liée à l’âge

Avec le temps, comme pour les genoux ou les hanches, les facettes articulaires peuvent s’user. Le cartilage s’amincit, les surfaces deviennent irrégulières, et l’inflammation s’installe.

Une surcharge ou un déséquilibre mécanique

Des mouvements répétitifs, des efforts mal réalisés, une posture cambrée (hyperlordose)… tout cela peut surcharger vos facettes articulaires.

L’usure des disques intervertébraux

Quand un disque s’use ou se tasse, il ne joue plus son rôle d’amortisseur. Résultat : les facettes doivent encaisser plus de charge qu’elles ne le devraient.

D’autres facteurs

Un traumatisme (chute, accident), un déséquilibre musculaire ou une scoliose peuvent aussi favoriser l’apparition du syndrome facettaire.

Comment peut-on le diagnostiquer ?

Le diagnostic du syndrome facettaire repose avant tout sur une évaluation clinique approfondie, réalisée par un professionnel de santé, le plus souvent un médecin généraliste, un rhumatologue ou un kinésithérapeute formé aux troubles musculosquelettiques.

L’entretien et l’examen clinique : la base du diagnostic

Tout commence par une discussion attentive avec votre praticien. Celui-ci va chercher à mieux comprendre la nature et le comportement de votre douleur :

  • Depuis quand est-elle présente ?
  • Dans quelle zone se situe-t-elle exactement ?
  • Est-elle déclenchée par certains mouvements ou certaines positions ?
  • Y a-t-il des moments de la journée où elle est plus intense ?
  • Avez-vous déjà eu des antécédents de douleurs lombaires, cervicales, ou d’autres troubles articulaires ?

Ces questions permettent d’identifier les caractéristiques typiques du syndrome facettaire : une douleur mécanique, souvent profonde, localisée, qui s’intensifie à l’extension ou à la rotation du dos, mais sans signes neurologiques (comme des fourmillements ou une perte de force).

À cette étape, l’examen clinique prend le relais. Le praticien va observer votre posture générale, la mobilité de votre colonne vertébrale, et tester certains mouvements pour voir lesquels réveillent la douleur. Il pourra par exemple vous demander de vous pencher en arrière, de faire des rotations ou des inclinaisons du tronc. Ces gestes sollicitent les facettes articulaires, et leur reproduction de la douleur est un indice précieux.

La palpation de la colonne est également informative : une sensibilité accrue à la pression sur certaines zones du dos ou du cou peut orienter le diagnostic vers une atteinte facettaire.

En combinant les informations issues de l’entretien et celles de l’examen physique, le professionnel de santé peut souvent poser un diagnostic solide, sans avoir besoin d’examens complémentaires immédiats.

Le rôle de l’imagerie

Les examens d’imagerie (comme la radiographie, le scanner ou l’IRM) peuvent être utiles, mais ils ne sont pas toujours indispensables au début.

  • Une radiographie standard peut montrer des signes d’arthrose facettaire (rétrécissement de l’espace articulaire, ostéophytes…).
  • Un scanner permet une analyse plus fine des structures osseuses.
  • Une IRM peut être utilisée si on suspecte d’autres causes de douleurs, comme une hernie discale ou une atteinte inflammatoire.

Cependant, il faut garder à l’esprit que la présence d’anomalies sur l’imagerie ne suffit pas à poser le diagnostic. De nombreuses personnes présentent des signes d’usure articulaire sans pour autant ressentir de douleurs. C’est pourquoi le diagnostic du syndrome facettaire est avant tout clinique, basé sur les symptômes et l’examen.

L’infiltration diagnostique : un test révélateur

Dans certains cas, notamment si le doute persiste malgré l’examen clinique et l’imagerie, votre médecin peut vous proposer ce qu’on appelle une infiltration diagnostique.

Voici en quoi cela consiste :
Un produit anesthésiant local est injecté directement dans l’articulation facettaire suspectée. Cela se fait en général sous guidage radiologique (scanner ou échographie), afin de cibler précisément la zone concernée.

  • Si la douleur disparaît immédiatement après l’injection, même temporairement, cela signifie que l’articulation infiltrée est très probablement la source de votre douleur.
  • En revanche, si aucune amélioration n’est ressentie, cela incite à chercher une autre cause.

Ce test est donc très utile pour confirmer ou infirmer le diagnostic, surtout dans les douleurs chroniques ou complexes, où plusieurs structures peuvent être en cause (disques, muscles, ligaments, etc.).

L’infiltration diagnostique a aussi un intérêt thérapeutique, car elle peut soulager durablement si un corticoïde est associé à l’anesthésiant. Mais son objectif premier, dans ce contexte, est de localiser précisément l’origine de la douleur.

Quels sont les traitements du syndrome facettaire ?

À l’heure actuelle, il n’existe pas de solution miracle pour régénérer le cartilage articulaire une fois qu’il est usé ou abîmé. C’est pourquoi, dans le cas du syndrome facettaire – comme pour de nombreuses pathologies articulaires liées à l’usure, telles que l’arthrose – l’objectif du traitement n’est pas de “réparer” l’articulation, mais plutôt de soulager les douleurs, de redonner de la mobilité et, surtout, d’améliorer votre qualité de vie au quotidien.

La kinésithérapie : la pierre angulaire du traitement

Dans la grande majorité des cas, la kinésithérapie est au cœur de la prise en charge. Elle joue un rôle fondamental, à la fois pour apaiser les symptômes (douleurs, raideur), améliorer la souplesse de la colonne vertébrale, mais aussi pour éviter que les douleurs ne deviennent chroniques ou ne réapparaissent trop souvent.

Votre kinésithérapeute adoptera une approche globale et personnalisée. Il ne s’agit pas simplement de faire bouger une articulation douloureuse : il est essentiel de rééquilibrer l’ensemble du système musculo-squelettique, c’est-à-dire toutes les chaînes musculaires et articulaires qui influencent le bon fonctionnement de votre colonne.

Les séances incluent en général :

  • Des mobilisations douces et progressives, souvent en chaîne fermée (c’est-à-dire avec un appui au sol ou sur une surface),
  • Des exercices faits dans le respect de votre douleur, jamais dans la contrainte,
  • Un travail postural, visant à corriger d’éventuelles attitudes qui entretiennent la surcharge articulaire.

Lorsque la douleur devient plus supportable, l’objectif change : il s’agit alors de renforcer vos muscles stabilisateurs, en particulier :

  • Les abdominaux profonds (notamment le transverse),
  • Les muscles du dos et les paravertébraux,
  • Le plancher pelvien.

Ce travail de gainage ciblé est essentiel, car une bonne tonicité musculaire permet de mieux répartir les charges sur la colonne vertébrale, et donc de soulager naturellement les facettes articulaires.

Et bien sûr, tout est adapté à votre condition physique, vos douleurs et vos objectifs.

Les infiltrations facettaires : quand la douleur persiste

Si les douleurs deviennent chroniques, résistent aux médicaments ou rendent la rééducation difficile, l’infiltration peut être une bonne option. Il s’agit d’une procédure réalisée par un médecin, consistant à injecter un produit directement dans l’articulation facettaire concernée.

Cette injection contient généralement :

  • Un anesthésique local (comme la lidocaïne), pour un soulagement immédiat mais temporaire,
  • Et un corticoïde, pour une action anti-inflammatoire plus prolongée.

Elle se réalise sous guidage radiologique ou échographique, afin de s’assurer que le produit est bien injecté au bon endroit.

Ce type d’infiltration a un double intérêt :

  1. Thérapeutique : il réduit l’inflammation, diminue la douleur, et facilite la reprise des mouvements et des exercices de kinésithérapie.
  2. Diagnostique : si vous ressentez un soulagement net et rapide juste après l’injection, cela confirme que l’articulation infiltrée est bien la source principale de la douleur.

Les effets peuvent durer de quelques semaines à plusieurs mois, selon les personnes. Si les douleurs reviennent, il est possible de répéter l’infiltration, mais généralement pas plus de 2 à 3 fois par an, pour limiter les effets secondaires des corticoïdes sur les tissus.

Pour en savoir plus sur le déroulement, les effets et les indications de ce type de traitement, vous pouvez consulter mon article complet : Infiltration lombaire : quand, pourquoi et comment ça marche ?

Et si les infiltrations ne suffisent pas ?

Chez certains patients, les infiltrations fonctionnent bien… mais les douleurs reviennent toujours au même endroit. Dans ce cas, une autre option peut être envisagée : la thermocoagulation par radiofréquence, aussi appelée rhizolyse.

Il s’agit d’une technique plus invasive qui consiste à « neutraliser » les petits nerfs sensitifs qui transmettent la douleur au niveau des facettes. L’intervention se fait sous anesthésie locale, avec une aiguille spécifique qui délivre une onde de chaleur ciblée.

Les résultats sont variables d’une personne à l’autre, mais cette technique peut offrir un soulagement durable, notamment chez les patients chez qui les autres traitements ont échoué ou apporté un bénéfice temporaire.

En résumé : peut-on vraiment soulager un syndrome facettaire ?

Le syndrome facettaire peut être à l’origine de douleurs tenaces, souvent mal identifiées au départ. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’une prise en charge adaptée permet, dans la grande majorité des cas, de retrouver un meilleur confort de vie et de reprendre ses activités plus sereinement.

Le traitement repose sur trois piliers :

  • Une bonne évaluation clinique, pour identifier précisément la ou les articulations concernées,
  • Une rééducation ciblée avec votre kinésithérapeute, visant à rééquilibrer la mécanique de votre dos,
  • Et si besoin, des options médicales comme les infiltrations ou, dans certains cas, la radiofréquence.

Gardez à l’esprit que chaque personne est unique : ce qui fonctionne pour l’un ne conviendra pas forcément à l’autre. L’important est de ne pas rester seul face à la douleur. Si vous vous reconnaissez dans les symptômes évoqués, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour établir un diagnostic précis et construire un plan de traitement sur mesure.

Pour aller plus loin :

Mal aux lombaires : 3 outils importants à posséder chez soi

Arthrodèse lombaire L4-L5 et L5-S1 : Tout savoir sur l’opération, la convalescence et les inconvénients

Comment dormir avec une hernie discale L5-S1

Ressources scientifiques :

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2934398

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2934398

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2589119