Vous l’avez sans doute remarqué, les compte rendus d’imagerie médicale sont souvent remplis de mots complexes qui font mal aux yeux et au cerveau. On a d’ailleurs souvent besoin d’une aide extérieure pour déchiffrer tout ce charabia. Depuis plusieurs mois, j’essaye de vulgariser un maximum de termes médicaux pour les rendre accessibles et parfaitement compréhensibles du plus grand nombre. Aujourd’hui, on s’attaque donc au spondylolisthésis. Nous allons voir en détail de quoi il s’agit, quelles sont les causes, les symptômes courants. Et ensuite je vous expliquerai quoi faire pour soulager les douleurs liées au spondylolisthésis. C’est parti !

Qu’est ce qu’un spondylolisthésis ?

Ce terme un peu complexe correspond en fait au glissement d’une vertèbre lombaire par rapport à celle située juste en dessous. L’étage L5-S1 est souvent le plus touché.

On parle d’antélisthésis si la vertèbre glisse vers l’avant et de rétrolisthésis si la vertèbre glisse vers l’arrière. En fonction de son avancée, on peut classer le spondylolisthésis selon différents stades de gravité.

D’importance variable mais présent chez environ 5% des personnes, cette lésion peut se traduire, après plusieurs années d’évolution silencieuse, par des lombalgies ou sciatique, nécessitant parfois le recours à la chirurgie.

Quelles sont les causes à l’origine d’un spondylolisthésis ?

Ce déplacement vertébral peut être du à différentes causes :

1- Malformation congénitale

Cette anomalie plutôt rare (touchant environ 6% des enfants) peut être liée à un défaut de croissance vertébrale.

2- Dégénérescence progressive

L’usure de la colonne et de toutes les structures environnantes peut progressivement entraîner ce glissement vertébral. Ce spondylolisthésis dégénératif touche principalement les personnes de plus de 50 ans.

3- Fracture de l’isthme

Une fracture dite de fatigue d’une partie de la vertèbre appelée « isthme » peut être à l’origine de ce déplacement. C’est d’ailleurs la cause la plus fréquente.

Cette rupture isthmique est généralement due à des contraintes répétitives sur les structures osseuses. On observe ce type de problématique chez certains sportifs, pratiquants des activités intenses avec des mouvements de rotation et d’hyperextension du dos (surf, gymnastique, danse, haltérophilie…)

Dans tous les cas, ce sont principalement les dernières vertèbres lombaires qui sont touchées par le spondylolisthésis, c’est à dire L4 et L5.

Comment faire le diagnostic ?

Malgré ce que l’on peut croire, ce type de lésion est bien toléré et les personnes concernées s’en aperçoivent souvent de manière fortuite lors d’un bilan radiologique classique.

Une radiographie du rachis lombaire de face et de profil avec un cliché centré sur la charnière lombo-sacrée l5-S1 permet de déterminer la présence d’un spondylolisthésis.

Un examen plus approfondi comme un scanner peut être envisagé pour compléter le diagnostic et évaluer précisément le grade de la malformation. Si l’on souhaite visualiser parfaitement l’état des disques entre les vertèbres et distinguer une compression nerveuse, l’IRM lombaire est aussi une bonne indication.

D’un point de vue anatomique, si les disques intervertébraux concernés par la lésion s’écrasent, on parle alors de discopathie associée. Radiologiquement, cela se traduit alors par un affaissement de l’espace intervertébral.

Quels sont les symptômes ?

La plupart du temps, qu’il soit d’origine congénital, dégénératif ou traumatique, le spondylolisthésis est majoritairement asymptomatique.

À vrai dire, il passe souvent inaperçu et ne représente pas un véritable handicap aux activités de la vie quotidienne. Toutefois, certains sports violents peuvent être déconseillés pour éviter une aggravation du glissement vertébral.

Mais il arrive aussi que des douleurs soient ressenties en raison d’une importante instabilité vertébrale ou d’une compression neurologique particulière.

La personne peut alors souffrir de :

  • Douleurs dans le bas du dos
  • Raideurs lombaires
  • Claudication (le fait de s’arrêter après une certaine distance parcourue)
  • Irradiations plus ou moins importantes dans les membres inférieurs

À noter que l’apparition de troubles neurologiques importants (perte de force dans la jambe, troubles urinaires associés) sont beaucoup plus rares, mais doivent nécessiter une prise en charge médicale en urgence.

Quels sont les différents traitements possibles ?

Traitement conservateur

Il faut comprendre que l’évolution naturelle du spondylolisthésis est plutôt positive. En effet, il peut rester longtemps sans symptôme et ne poser aucun souci particulier. Cependant, en cas d’effort ou de contrainte particulière, il est toujours possible que des douleurs se manifestent.

Ainsi, il est fortement conseillé d’entretenir une bonne musculature afin de garantir une parfaite stabilité vertébrale sur le long terme. Cela peut se faire au travers d’exercices de stabilité simples, effectués au poids du corps, avec bandes élastiques, swiss ball etc…

La stratégie globale consiste d’une part à conserver une bonne mobilité de l’ensemble des articulations bassin et hanches. Et d’autre part, de renforcer les muscles faibles ou sous utilisés, tout en relâchant les muscles dominants.

Si des douleurs apparaissent dans le temps, une prise en charge par un kinésithérapeute peut aider à gérer ce problème. Son intervention permet souvent de conseiller la personne sur les gestes à suivre et à éviter, afin de garantir une grande autonomie.

Et en même temps l’aide du kiné permet de dispenser des conseils ergonomiques (positionnement assis, debout) et une certaine éducation posturale.

Traitement chirurgical

La plupart des spondylolisthésis ne nécessitent pas de chirurgie. Ce type de traitement concerne une faible partie des personnes (environ 10%).

Elle est envisagée en dernier recours si :

  • Toutes les autres méthodes de soulagement ont échouées
  • Présence d’un trouble moteur ou neurologique important
  • Sciatique paralysante

À cette étape, la chirurgie a pour but de libérer les racines nerveuses comprimées et de stabiliser la colonne lombaire en réalisant une arthrodèse.

Comment vivre avec un spondylolisthésis ?

La pratique d’exercices spécifiques réguliers peut être bénéfique pour prévenir l’apparition de douleurs ou de symptômes désagréables.

Dans cette logique de prévention, des exercices de stabilité et de mobilité, à réaliser chez soi, sont intéressants.

L’objectif est d’obtenir un bon gainage afin de mieux contrôler chaque mouvement de la colonne vertébrale et d’empêcher que le glissement vertébral progresse d’avantage.

Ce travail permet d’apprendre à parfaitement contrôler toute la région autour du dos, du bassin et des hanches. Il peut se réaliser de manière statique (pour les débutants) ou dynamique (pour les plus confirmés).

Quoi qu’il en soit, gardez à l’esprit que le renforcement musculaire doit toujours se faire de manière équilibrée, dans les trois dimensions de l’espace, en travaillant autant les muscles abdominaux que les muscles du dos.

Voici donc un exemple d’exercice à tester depuis chez vous pour soulager les douleurs et prévenir leur apparition :

Les 4 fantastiques

Les exercices de gainage statique au sol sont intéressants pour reconstruire un pilier de force stable et équilibré.

En effet, pour être parfaitement protégée, la colonne vertébrale utilise à la fois une musculature profonde et une musculature superficielle. Le gainage a donc pour but de travailler ces muscles autour du bassin et des vertèbres, et ainsi prévenir l’apparition des douleurs dorsales et lombaires.

Le gainage a vraiment un intérêt s'(il est effectué en circuit, c’est à dire en séquence d’exercice de courte durée qui va solliciter à la fois la face antérieure du corps, les faces latérales et la face postérieure.

C’est vraiment comme cela que le gainage sera efficace et transférable dans les gestes du quotidien ou dans n’importe quelle pratique sportive.

Quelques conseils pour effectuer correctement ce type d’exercice :

Durant chaque position, veillez à :

  • Aspirer le bas ventre
  • Garder un alignement correct entre la colonne vertébrale, le bassin et la tête.
  • Bien s’autograndir pour recruter les muscles profonds
  • Ne pas creuser le dos
  • Ne pas bloquer votre respiration

Une idée de programmation simple pour débuter en gainage :

  • Enchaînez ces quatre exercices en prenant un minimum de repos entre chaque position.
  • Chaque posture doit être maintenue 20 à 30 secondes maximum.
  • Faire 3 fois ce circuit avec 30 secondes de repos entre chaque tour.

Extension bras et jambe

Cet exercice est utile pour apprendre à stabiliser le bassin et le dos sur des mouvements d’extension de bras et de jambe.

  • Positionnez-vous au sol à quatre pattes.
  • Placez les genoux en dessous des hanches et les mains dans l’axe des épaules.
  • Expirez pendant que vous écartez un bras et la jambe opposée, et inspirez lors de la phase inverse.
  • Faire entre 8 et 10 répétitions de chaque côté

Si cette version est trop facile, vous pouvez augmenter la difficulté en pratiquant ce mouvement en position de planche.

Je vous suggère également la lecture de cet article : Comment bien muscler son dos

Étirement doux du bas du dos

En fin de journée et après chaque session d’entrainement je vous suggère de réaliser quelques exercices d’étirement pour soulager la région lombaire et maintenir une bonne souplesse du dos.

Cet étirement genou/poitrine est utile pour relâcher les tensions dans le bas du dos puisqu’il permet d’étirer les muscles lombaires.

Comment faire :

  • Allongez-vous sur le dos
  • Pliez une jambe et attrapez votre genou avec vos deux mains
  • Tirez doucement sur vos mains pour ramener doucement votre genou vers la poitrine
  • Maintenir la position statique durant 30 secondes à une minute
  • Relâchez et répétez l’opération avec l’autre jambe.

En cas de douleurs persistantes, n’attendez pas pour vous faire aider par un professionnel de santé expérimenté qui sera là pour vous épauler dans votre rétablissement.

Pour terminer, pensez toujours à faire un bilan radiologique régulier afin de suivre l’évolution de votre spondylolisthésis (compléter si nécessaire par un scanner du rachis lombaire).

Références :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26172828

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23676859

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31078229

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32343035